Lolicotte est morte.
C’était une belle journée et il n’y en a pas tant, ces jours-ci. Le ciel s’était ouvert et le soleil descendait à flots. Mais ce jour-là, quand le ciel s’est ouvert, il n’y a pas que le soleil qui est passé. Un épervier de malheur s’est engouffré dans le passage et s’est abattu sur Lolicotte. Qu’a-t-elle pensé à ce moment ? A-t-elle eu peur ? Aucune de nous ne peut le dire… Elle était morte en un rien de temps. Nous avons toutes fui à couvert de toutes nos pattes, terrorisées. Et même quand Françoise est arrivée, nous ne sommes pas sorties de nos cachettes. Il nous a fallu beaucoup de temps pour avoir le courage de ressortir notre bec de sous nos abris.
Lolicotte, c’était la plus douce d’entre nous. Je ne l’ai jamais vue donner un coup de bec à quiconque. Elle suivait son petit bonhomme de chemin sans trop se préoccuper de ce que les autres poules en pensaient. Elle avait décidé, avec sa meilleure amie, Manicotte, que rien ne valait dormir à la belle étoile. Et elles ont passé toutes les nuits d’été dans le grand chêne, au-dessus du poulailler.
A l’automne, quand Manicotte a commencé à couver, Lolicotte a continué à dormir sur sa branche. Mais là, ça ne plaisait plus trop à Françoise. Parce que le froid venait et avec lui, le vent, la pluie. Alors Françoise a attrapé Lolicotte avant la nuit pour la mettre dans le petit poulailler des jeunes. Et comme il était un peu tôt, elle gardait Lolicotte à la maison en attendant la nuit.
Lolicotte a compris la manoeuvre à sa façon : quand l’après-midi tirait à sa fin, elle allait se poster devant la baie vitrée, attendait que Françoise lui ouvre la porte, entrait et sautait sur le bras du canapé en attendant l’heure, l’heure où Françoise l’emmènerait au petit poulailler. Et elle restait là à caqueter. Françoise m’a dit qu’elle lui racontait toutes sortes de choses, sur la vie des poules, le vent de la nuit dans le plumage, l’aube qui paraît dans le lointain… Un beau moment entre elles deux, un rituel heureux qui tisse des liens…
Je sais ce que Françoise va faire. Ce sera comme pour Bécotte et Ricotte, pour le petit faisan aveugle et les deux poulettes emportées par le renard. Françoise va planter un grand rosier pour que nous n’oubliions jamais Lolicotte.
Le jour où l’épervier a tué Lolicotte, il faisait beau soleil. Et pourtant l’eau coulait sur le visage de Françoise.
Ce texte participe au festival de La Cavalcade des Blogs, dont l’édition en cours (hébergée par Aurélie du blog A dada mon dadou) invite à raconter une histoire fabuleuse d’animaux.
J’apporte un joli mouchoir bordé de dentelle pour essuyer les yeux de Françoise et toutes mes meilleures pensées pour l’âme de la belle Lolicotte .
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Et pourtant tout a été fait pour protéger Lolicotte. La nature peut être dure.
J’aime bien le chat dans son panier et en famille.
Merci pur ton abonnement à mon blog – amitiés et bises 🙂
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Merci Françoise d’avoir partagé avec nous cette joli histoire de Lolicotte …une poule pas comme les autres 🙂
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Difficile de ne pas avoir les larmes qui coulent…….
Très bel hommage à une très belle poule.
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Magnifique, ce texte est très bien écrit et très triste. Bon voyage Lolicotte et merci pour tous ces beaux souvenirs que tu laisses derrière toi.
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